Strasbourg, histoire et architecture : l'avenue des Vosges
Strasbourg, histoire et architecture : l'avenue des Vosges
Paris a les Champs Elysées. Nice a la promenade des Anglais. Et Strasbourg a l'avenue des Vosges. D'abord élaborée par le pouvoir allemand dans un souci de relier l'est à l'ouest de la ville, dans les années 1870 à 1880, avec la volonté assumée de lui donner du prestige grâce à une longueur inédite et à une largeur démesurée pour l'époque ; ensuite considérée comme l'artère passante par excellence de Strasbourg, à partir des années 1960, faisant la part belle à la voiture individuelle ; faisant désormais l'objet d'un projet d'urbanisme d'ampleur. Récit de la plus emblématique voie de Strasbourg, l'avenue des Vosges.
A la fin du XIXème siècle, Strasbourg est littéralement réduite en cendres et de nombreux quartiers du centre-ville sont bombardés lors de la guerre de 1870. Strasbourg est alors occupée et sera dirigée pendant plusieurs décennies par le pouvoir allemand, après l'annexion de l'Alsace-Lorraine en 1870. Prônant une politique volontariste d'urbanisme et de rénovation de la ville, de ses bâtiments et de ses infrastructures, et voulant faire de Strasbourg une vitrine politique, culturelle et de la puissance économique de l'Empire allemand, il est décidé qu'une couronne de « forts » sera édifiée dans un rayon de huit kilomètres autour de Strasbourg. Une nouvelle ville, la Neustadt.
Tête de proue de ce projet d'envergure, une voie va devenir l'une des plus prestigieuses avenues de la ville, la plus longue et la plus fréquentée des Strasbourgeois, l'avenue des Vosges. Longue de 1 200 mètres et large de 30 mètres, l'avenue des Vosges se déploie de la place de Haguenau jusqu’au pont des Vosges, après quoi s'enchaînent l'avenue d'Alsace puis l'avenue de la Forêt-Noire. Bordée au sud par le quartier du Tribunal où s’enchaînent les rues du Maréchal Foch, du Général de Castelnau et du Général Frère et, au nord, par celui des Contades, à la lisière du quartier de l'Orangerie, avec les rues Jean-Frédéric Oberlin et Louis Apffel, l’avenue de la Paix et le quai Koch, l'avenue des Vosges est la principale artère est-ouest de la ville, reliant ainsi Schiltigheim et la place de Haguenau au quartier de l'Esplanade puis du Neudorf.
C’est en avril 1880 que démarrent les travaux de création de l'avenue des Vosges. Elle sera inaugurée en 1881 avant d'être pavée en 1886. Conçue pour traverser Strasbourg plus rapidement et plus directement, sans passer par la « vieille ville » qui passera des gravas de la guerre aux gravas de la Grande Percée, l’avenue des Vosges permet de relier la gare au port en contournant l’ellipse insulaire. Mais ce n’est pas la seule utilité de la nouvelle avenue puisqu’elle est également pensée et utilisée comme un lieu de parade militaire où les troupes se doivent de faire forte impression. Celle qui se dénommait alors la Vogesenstrasse est également conçue de sorte que treize chevaux de côté puissent y défiler simultanément, ce qui explique sa largeur importante. Rien que ça ! L’avenue doit être un symbole de la puissance allemande, un étalage de sa magnificence et le déploiement de tous les signes extérieurs de richesse.
S'inscrivant pleinement dans les mouvements architecturaux de la fin du XIXème siècle, de l'Art nouveau à la fin du XIXème siècle à l'Art déco qui s'en est ensuivi après la Première Guerre mondiale, l'avenue des Vosges est bordée d'immeubles collectifs aux styles architecturaux variés et aux appartements fastueux. Tandis que la majorité des immeubles de l’avenue sont de styles classiques, néo-baroques et néo-Renaissance, construits le plus souvent en pierre de taille ou en grès des Vosges, les immeubles aux numéros 46, 53, 66, 71 et 87 de l’avenue des Vosges ainsi que les deux immeubles aux 1 et 3 rue Sellenick qui bordent l’avenue, construits entre 1900 et 1910, portent sur leurs façades l’apanage de l’Art nouveau avec des motifs floraux, des lignes courbes et des éléments décoratifs exubérants. Un autre style architectural se développe après la Première Guerre mondiale, l’Art déco, et s’illustre par ses lignes géométriques et sobres, à l’image du 83 avenue des Vosges et du 2 rue du Général Rapp qui fait l’angle avec l’avenue des Vosges, deux immeubles emblématiques de ce courant alors en vogue. Quelques immeubles plus contemporains longent enfin l’avenue des Vosges, à l’image des numéros 22 et 28 avenue des Vosges qui, dans les années 1950 et 1960, ont soigné les stigmates des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
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