Immobilier, locations : toujours plus de demande de logements et de moins en moins d'offre sur le marché immobilier
Immobilier, locations : toujours plus de demande de logements et de moins en moins d'offre sur le marché immobilier
De nombreuses plateformes immobilières et de portails d'annonces immobilières ont compilé leurs statistiques de 2022 et dévoilent avec des chiffres, chacune à leur tour, ce que nous connaissons depuis plusieurs années dans les agences immobilières. Depuis de nombreuses années, nous avons appris à travailler dans un marché de pénurie de biens à vendre ; désormais nous allons devoir faire face à un marché de pénurie de biens… à louer.
Un article paru en début d'année dans Les Echos reprend des statistiques du portail Bien'Ici pour nous expliquer que la demande de logements a augmenté de 54 % en 2022, en France, tandis que l'offre de logements a diminué de 10 % sur la même période. Le grand écart !
La région Grand Est et la ville de Strasbourg ne dérogent pas à la règle. Et si certaines régions de France voient leur marché locatif se tendre en raison des difficultés récentes, pour de nombreux ménages, d'accéder au crédit immobilier, les empêchant ainsi d'acheter un nouveau logement et donc de libérer leur logement en location, il semble que cette brusque pénurie de biens à louer, notamment dans les grandes villes, trouve ses origines ailleurs.
La demande de logements ne cesse d'augmenter sous l'effet de la croissance démographique, des familles éclatées et des étudiants qui sont amenés à étudier loin de leurs parents, certes. Mais c'est bien sur l'offre de logements qu'il faut se pencher. Les logements neufs, d'abord, sont construits en trop faible nombre pour satisfaire la demande en raison de la baisse des permis de construire autorisés par les mairies, de délais de traitement rallongés et de la multiplicité des recours.
Les logements anciens, ensuite. On l'oublie souvent mais, depuis une dizaine d'années, de nombreux appartements ont été sortis du marché locatif traditionnel au profit des locations saisonnières. L'émergence des locations saisonnières et des plateformes en ligne semble d'ailleurs coïncider avec le début de la pénurie de logements à louer dans les grandes villes. Or force est de constater que les régulations tardives des municipalités ne sont pas suffisantes : certes elles contraignent les propriétaires voulant mettre en location saisonnière un nouvel appartement, mais elles n'ont pas la possibilité de remettre des appartements touristiques sur le marché de l'habitation principale.
En réalité, ce violent revirement du marché est surtout la conséquence des lois successives sur le climat et du nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE). Car les interdictions progressives de mises en location des appartements et des maisons ayant des DPE mal classés ont créé un mouvement de panique chez de nombreux propriétaires. Nous constatons chez Beausite Immobilier que bon nombre de bailleurs ont enlevé, en 2022, leur appartement du marché locatif, faute de budget pour entreprendre les travaux, faute de connaissance en la matière ou de faisabilité technique pour entreprendre des travaux dans le centre-ville ou dans la Neustadt, eux-mêmes classés. Certains propriétaires ont même décidé de vendre leur bien, par nécessité ou par opportunisme, ne supportant pas de posséder une passoire thermique.
L'urgence énergétique commande de rénover l'ensemble du parc immobilier français. Mais les contraintes qui pèsent sur les bailleurs passent mal. Quand on sait que, par exemple à Paris, 65 % du parc locatif privé est composé de passoires thermiques et que plus de 50 % des logements parisiens seront interdits à la location au 1er janvier 2028, faute de travaux dans ce si bref délai, on comprend le chaos qui nous pend au nez.