La Petite France : un quartier historique de Strasbourg
Avec ses rues pavées, ses maisons à colombages du XVIème siècle et ses canaux serpentant les rives de l'Ill, la Petite France est LE quartier "carte postale" de Strasbourg. Pour profiter du beau temps comme du marché de Noël, la Petite France est un quartier incontournable de la ville. Après la Neustadt, les Contades et l'avenue des Vosges, suite de nos pérégrinations strasbourgeoises à la Petite France.
Un peu d'histoire...
Le pittoresque quartier de Strasbourg doit son nom à la... syphilis, que les soldats du Roi de France, Charles VII, importent à Strasbourg, une ville qui n'était pas française à ce moment-là. Le quartier abritait jadis un hospice où étaient isolés les mercenaires malades de la vérole, autrement dit de la syphilis, arrivant en provenance de pays infectés. A l'époque on considérait cette infection comme la maladie des Français, d’où la "Petite France" !
Le symbole de la Petite France est sans doute les Ponts-Couverts. Existant depuis la fin du XVIIIème siècle, les Ponts Couverts font partie du système de défense de la ville construit par Vauban. Les ponts en pierre furent construits de 1863 à 1870 et ses tours abritaient les malades incurables ou des prisonniers.
La Petite France était alors le quartier des minotiers et des tanneurs. Ses ruelles s'enchevêtraient, les maisons de guingois avaient des toits à auvents qui s'ouvraient sur des greniers servant à sécher les peaux, les lavoirs se miraient dans les eaux paresseuses des canaux. On trouvait à l'aube du XXème siècle une centaine de bateaux-lavoirs qui permettaient aux lavandières et aux soldats de la caserne Barbade de laver leur linge. Ces lavoirs étaient fixés le long des berges de l'Ill et le long du canal de navigation. A cette époque, la Petite France est déjà le paradis des peintres. C'est d'ailleurs une protestation des artistes qui, peu avant 1914, parvint à sauver les maisons à poutrage apparent de la rue du Bain aux Plantes que la municipalité voulait alors démolir.
Au fil des siècles, la Petite France vit des édifices disparaitre ou changer d'utilité. Le bel hôtel de la Monnaie fut par exemple remplacé en 1907 par l'école Saint-Thomas dont la couleur rouge sombre et l'architecture avec ses pignons à volutes rappellent les édifices de la Renaissance alsacienne. En 1905 fut aussi inauguré le monumental hôtel de la Caisse d'Epargne, place Saint-Thomas, bâti en style néo-Renaissance et remplaçant de vieux hôtels canoniaux d'alors qui bordaient la place. Dans ce secteur s'élève également l'église protestante Saint-Thomas : fondée au VIème siècle, l'église est reconstruite en 820 puis à partir de 1196 après deux incendies ravageurs.
Autour de la Petite France : des quartiers populaires et animés
Aussi pittoresque que la Petite France, la Grand Rue. Succédant à l'ancienne voie romaine, elle fut jalonnée de nombreux petits commerces. Réputée malfamée par la bourgeoisie, elle attirait le petit peuple qui aimait se retrouver dans les restaurants comme celui de la Carpe d'or.
Un peu plus loin se trouvent les quartiers Finkwiller et de l'hôpital civil dont les rues s'imbriquent en bien des endroits. Durant des siècles, ces quartiers avec leurs jardins et leurs petits pâturages occupaient des terres sillonnées de petits bras d'eau. Le Finkwiller, dont le nom vient de "Finken", les pinsons, et de "Weiler", un groupe d'exploitation agricole, était habité par un grand nombre de jardiniers et de pêcheurs. Peu à peu, les artisans les remplacèrent et des moulins furent construits pour broyer et moudre les épices.
Aux limites de la Petite France se trouve le quai Saint-Nicolas qui fut le premier quai digne de ce nom à Strasbourg. Sa construction commença dès le XVème siècle. Plus tard, au XVIIIème siècle, on le désigne couramment sous le nom de "Herrestade" ou quai des Seigneurs. La Révolution ne manque pas de le baptiser "quai du Bonnet Rouge". Il accueille durant l'annexion allemande, en 1902, le Musée alsacien créé par trois médecins, les docteurs Pierre Bucher, Léon et Ferdinand Dollinger qui le fondèrent pour maintenir les traditions alsaciennes dans une ville sous le joug allemand.
Un ensemble historique à la limite de la Petite France : l'hôpital civil
Les premiers bâtiments de l'hôpital civil ont vraisemblablement été construits sur d'anciens champs et vergers se situant en bordure du quartier Finkwiller au XIIème siècle. Une thèse affirme toutefois que le premier hôpital aurait été fondé en 657 par le père de Sainte Odile, patronne de l'Alsace, aux alentours immédiats de la Cathédrale.
L'hôpital civil fut transféré en 1313 de la rue du Vieil Hôpital à l'emplacement du couvent des Carmes dont il subsiste la chapelle Saint-Erhard. Après l'incendie de 1716, l'hospice civil fut reconstruit et l'hôpital connut une période d'extension remarquable à partir de 1878 grâce à une étroite collaboration avec la faculté de médecine et sa structure pavillonnaire servant de modèle à de nombreux hôpitaux. L'hôpital fut à l'avant-garde de l'enseignement de la médecine et profita, après 1870, des progrès de la protection sociale que l'administration prussienne mit en place.